Le varroa (« Varroa destructor ») est un petit acarien d’environ 1 mm ressemblant à un « tourteau » et agent d’une maladie touchant les colonies d’abeilles, la Varroase. D’origine asiatique, ce parasite connu en France depuis 1982, s’attaque aussi bien aux abeilles adultes, qu’aux jeunes larves.
(Photo : © Gilles San Martin – Namur, Belgique)
Ses huit pattes lui permettent de s’accrocher efficacement et de se déplacer d’une abeille adulte à l’autre, voire d’une ruche à l’autre ; il est alors dans sa dite « phase phorétique ». De plus, un puissant rostre lui permet en perforant la cuticule de l’hyménoptère, de se nourrir à la manière d’un « vampire », en pompant l’hémolymphe de son hôte. Hélas, cela est fortement préjudiciable pour l’abeille adulte, d’autant plus si elle héberge plusieurs varroas. En effet, malformations, affaiblissement progressif, sensibilité aux maladies et à terme mort de l’abeille sont les principaux symptômes de la maladie. Sans compter la collection de virus dons le parasite est le vecteur et qui lui seront inoculés !
Le varroa atteint un tel niveau de parasitisme qu’il s’attaque également au couvain, mais cette fois pour sa dite « phase de reproduction ». Pour cela, son cycle de développement est parfaitement calé sur celui de l’abeille. Une fondatrice est ainsi capable de repérer les signaux chimiques libérés par le couvain juste avant l’operculation des cellules contenant des larves de 5 jours, soit au 8e jour après la ponte par la reine.
Elle s’y introduit et s’y laisse enfermer avec la larve durant la nymphose. Elle dispose alors 12 jours dans le couvain d’ouvrière et 15 jours dans le couvain de mâle pour se reproduire et assurer une descendance fertile. Tandis que la larve d’abeille poursuit son développement jusqu’au stade adulte, la fondatrice elle, continue de se nourrir en prélevant régulièrement l’hémolymphe de son hôte. Elle débute ensuite sa ponte, à raison d’un œuf toutes les 30h. Soit au total 6 œufs dans le couvain d’ouvrières et 7 dans le couvain de mâles. Le premier œuf sera un mâle et les suivants seront des femelles. Après éclosion, les œufs évoluent jusqu’au stade adulte en 5- 6 jours, en se nourrissant de l’hémolymphe de la nymphe ; le mâle atteignant sa maturité sexuelle en premier, s’accouple ensuite avec ses sœurs nées successivement.
À l’émergence de l’abeille adulte, la fondatrice et ses filles repassent en phase phorétique, accrochées à leur hôte. Toutes les femelles ne pouvant atteindre leur maturité sexuelle avant l’émergence, on estime qu’à l’issue de cette phase
de reproduction une fondatrice donnera 2 filles fertiles sur couvain d’ouvrières et 3 filles fertiles sur couvain de mâles. Chacune d’elle, y compris la fondatrice pourra par la suite se reproduire à nouveau, à l’intérieur d’autres cellules.
À travers cela, on comprend aisément le caractère exponentiel de la dynamique du développement de la population de varroas au sein d’une ruche au cours de la saison. Toutefois, le Varroa aura une nette préférence pour le couvain de mâles du fait de son cycle de développement un peu plus long (24 jou rs contre 21 jours pour les ouvrières), mais aussi du fait de sa période d’attractivité plus importante avant l’operculation des cellules de mâles. Cela permet d’optimiser sa phase de reproduction en augmentant le nombre de futures fondatrices produites.
La Varroase est une maladie très insidieuse, en particulier pour les apiculteurs débutants. En effet, la petite taille du varroa, ainsi que sa phase de reproduction, cachée à l’abri dans le couvain, peuvent rendre difficilement détectable le niveau d’infestation parasitaire, du moins à première vue. Malgré tout, la présence d’un couvain en mosaïque ou encore, d’abeilles trainantes, aux ailes atrophiées et asymétriques, devant la ruche, doivent nous alerter.
La prévention et le traitement
En l’absence de mesures préventives ou curatives adaptées, une colonie infestée sera vouée à disparaitre dans les 2 ans.
Il est donc indispensable, à défaut de pouvoir totalement l’éradiquer, de maintenir la pression parasitaire la plus basse possible. Pour cela, des mesures prophylactiques doivent être prises.
Par exemple, le piègeage des varroas sur cadre de mâles (celui-ci sera retiré de la ruche une fois les cellules operculées), le recours à des traitements acaricides adaptés (disposant d’une AMM), au cours de l’été et dès que possible après la récolte de miel ; moment de l’année où la pression parasitaire est la plus forte. Bien évidemment, des comptages de chutes naturelles de varroas avant traitement et après traitement seront à réaliser afin d’estimer le niveau d’infestation, ainsi que l’efficacité du traitement. Un second traitement (Acide oxalique), différent du traitement estival afin de ne pas favoriser la sélection de varroas résistants, est également préconisé au cœur de l’hiver, en l’absence de couvain, afin d’éliminer le maximum de varroas phorétiques.
La dynamique du parasite est telle qu’il faut retenir qu’en fin d’hiver, la colonie devra absolument reprendre son développement avec le moins de varroas possibles. C’est la garantie d’un niveau de parasitage acceptable en fin de saison, compatible avec une production satisfaisante de miel et surtout la pérennité de la colonie !
Mickaël Gombert
Article tiré du numéro 23 d’À propos lice, bulletin d’informations destiné aux adhérents de la confédération des apiculteurs du Calvados.